Bien que l’accès à internet se soit plus ou moins rétabli dans de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest après les perturbations massives de mi-mars, les opérateurs font face à un défi de taille : la réparation des câbles sous-marins endommagés à l’origine de la panne régionale.
Une opération complexe et fastidieuse les attend et elle pourrait s’étaler sur plusieurs semaines. Remonter et raccorder les extrémités arrachées des câbles à des profondeurs atteignant 8000 mètres représente effectivement un véritable casse-tête technique et logistique…
Quatre câbles sur cinq arrachés !
C’est le 14 mars 2024 que le drame s’est produit au large des côtes de l’Afrique de l’Ouest. Sur les cinq câbles sous-marins reliant cette région au reste du monde, 4 ont subi des dommages majeurs, probablement causés par le mouillage intempestif d‘ancres de navires.
Parmi les câbles sectionnés, on compte ceux de deux mastodontes des télécoms comme Orange et MTN. Ce qui a privé d’un coup des pays comme la Côte d’Ivoire, le Bénin ou le Burkina Faso d’une grande partie de leur connectivité internet…
Un rétablissement partiel dans l’urgence
Face à l’urgence, les opérateurs n’ont eu d’autre choix que de réagir au pied levé pour rétablir un accès, même partiel, à la toile. « Nous avons immédiatement été mobilisés pour trouver des solutions de reroutage du trafic« , a expliqué un porte-parole d’Orange Côte d’Ivoire.
En réorientant leurs flux via d’autres câbles sous-marins encore opérationnels ou des liaisons terrestres de secours, les fournisseurs ont pu stabiliser la situation. MTN affirmait ainsi lundi avoir « rétabli avec succès ses opérations » en récupérant plus de 3 térabits/seconde de bande passante.
Mais ce rétablissement d’urgence ne saurait être qu’une solution temporaire. Les opérateurs réseaux vont devoir se résoudre à planifier des réparations en bonne et due forme.
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Une opération sous-marine assez complexe
Et c’est là que les choses se compliquent. Réparer un câble sous-marin n’a rien d’une partie de plaisir. Cela implique de mobiliser des navires câbliers spécialisés équipés de robots sous-marins capables d’aller récupérer les extrémités arrachées pour les relier à un nouveau tronçon.
« C’est un travail de précision, qui nécessite de remonter les câbles depuis des profondeurs pouvant atteindre 8000 mètres« , explique Éric Foucher, expert en câbles sous-marins. « Il faut également s’assurer que le câble est correctement déployé sur le fond marin pour éviter de futurs dommages. »
Un défi d’autant plus ardu que les câbles endommagés se situent au large des côtes, à plusieurs centaines de kilomètres des terres les plus proches. Ce qui est clairement un gros casse-tête logistique pour acheminer les équipements et navires nécessaires.
Des réparations qui pourraient donc prendre des semaines…
Avec tous ces défis techniques, il n’est pas rare que les réparations de câbles sous-marins s’éternisent pendant des semaines, voire des mois dans les cas les plus extrêmes. Une perspective particulièrement préoccupante pour l’Afrique, qui dépend à près de 99% de ces précieux câbles pour son accès à internet.
« Nous travaillons d’arrache-pied pour rétablir l’intégralité de la connectivité le plus rapidement possible« , a assuré MTN. Mais les opérateurs devront probablement s’armer de patience avant de pouvoir crier victoire.
En attendant, l’Afrique de l’Ouest reste sur un fragile accès à la toile, redirigé par des voies de secours. Ceci est un rappel brutal de la vulnérabilité de son réseau, entièrement dépendant d’une poignée de câbles sous-marins vieillissants.
Une dépendance que les pays de la région chercheront sans doute à réduire à l’avenir en investissant dans des infrastructures terrestres et en développant une redondance accrue de leurs réseaux. Cela constitue un défi majeur, mais indispensable pour assurer la pérennité de la connectivité à l’ère du numérique.