Le prestigieux British Museum se retrouve une nouvelle fois dans la tourmente autour de la question brûlante des restitutions d’œuvres d’art pillées. Cette fois, ce sont des pièces sacrées éthiopiennes qui sont au cœur des polémiques.
Une enquête a été ouverte par le gendarme britannique de la communication. Il soupçonne le musée d’avoir dissimulé des informations non négligeables à propos d’une dizaine de « tabots ». Des répliques vénérées de l’arche d’alliance par l’Église orthodoxe éthiopienne.
Une enquête ouverte par le gendarme britannique
Selon des informations rapportées par RFI, le British Museum fait l’objet d’une enquête de la part du gendarme britannique de la communication. En cause ? La dissimulation présumée d’informations cruciales autour d’une dizaine de « tabots ».
Il faut savoir que ces objets, pillés au XIXe siècle lors de l’expédition coloniale britannique à Magdala, n’ont jamais été exposés, étudiés ou même photographiés par le musée londonien. Seuls quelques membres du clergé éthiopien sont autorisés à pénétrer dans la salle où ils sont conservés.
Une rétention controversée
Pour de nombreux experts, la rétention de ces pièces par le British Museum est plus que discutable. Un groupe de juristes affirme d’ailleurs que les circonstances entourant l’acquisition des tabots lors du pillage de Magdala justifieraient amplement leur restitution à l’Éthiopie.
L’ONG Returning Heritage, qui suit de près les dossiers de rapatriement d’œuvres, a donc réclamé des explications au musée. Mais ce dernier n’a fourni que des réponses partielles, évoquant la nécessité de « préserver certaines relations internationales« .
Un caviardage injustifié ?
C’est cette justification alambiquée qui a poussé le gendarme britannique à ouvrir une enquête. Le British Museum a-t-il réellement le droit de dissimuler des informations sur la provenance de ces pièces au nom de prétendues « relations internationales » ?
Pour plusieurs défenseurs du patrimoine, la réponse est non. « Ces tabots ont été pillés lors d’une expédition punitive coloniale, il n’y a aucune ambiguïté sur leur statut« , s’insurge un membre de Returning Heritage. « Le musée se doit d’être transparent. »
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Un précédent de taille
Si le gendarme venait à donner tort au British Museum, les répercussions pourraient être majeures. Cela créerait en effet un précédent considérable, poussant d’autres institutions à revoir leur copie sur la question des restitutions.
« Ce serait un signal fort envoyé à tous les musées détenant encore des pièces pillées pendant la période coloniale« , estime un expert en droit du patrimoine. « Ils ne pourraient plus se réfugier derrière des prétextes aussi fumeux. »
Une pression grandissante
Cette affaire ne fait que renforcer la pression déjà intense qui pèse sur les épaules des grands musées occidentaux. Pour tout vous dire, cela fait plusieurs années que les appels se multiplient pour un rapatriement des œuvres et objets culturels spoliés, notamment en Afrique.
Si le British Museum venait à être condamné, nul doute que la voix des pays réclamants comme l’Éthiopie en ressortirait renforcée. Un nouveau chapitre passionnant s’ouvre donc dans le vaste débat sur la restitution des biens culturels pillés.