Alors que la polémique enfle autour des données liées au chantier du siège de l’Assemblée nationale du Bénin, le gouvernement choisit de rétablir sa version. Jacques Ayadji, ministre conseiller chargé des infrastructures et du cadre de vie, a pris la parole ce mardi 3 juin 2025 pour clarifier les taux d’avancement en question. Face aux critiques émises par l’opposition, en particulier par Guy Dossou Mitokpè, une mise au point s’imposait. L’exécutif affirme qu’aucune dissimulation n’entoure ce projet. Il explique les chiffres contestés par une mauvaise lecture des différentes phases de construction.
Une confusion alimentée par des chiffres hors contexte
Tout est parti d’une intervention vidéo de Guy Dossou Mitokpè, secrétaire à la communication du parti Les Démocrates. L’opposant y dénonce des incohérences entre les chiffres annoncés en 2023 et ceux publiés en mai 2025.
À l’époque, les autorités évoquaient un taux de réalisation de 70 % et un taux financier de 69 %. Or, les données récentes indiquent 64 % pour le physique et seulement 46 % pour le financier, ce qui paraît contradictoire. Selon Mitokpè, cette baisse manifeste suggère des zones d’ombre dans la conduite du projet, et plus largement dans la gestion des infrastructures publiques. Il accuse le régime Talon de dissimuler certains aspects de la vérité aux citoyens.
A LIRE AUSSI : Au Bénin, des agents de la Cour suprême ont été décorés pour leur loyauté au service public
Des phases distinctes, selon Jacques Ayadji
Face à cette sortie, Jacques Ayadji a répliqué en pointant une erreur d’analyse. Il précise que les 70 % annoncés en 2023 concernaient exclusivement la première phase du projet, à savoir les gros œuvres. Ceux-ci, aujourd’hui achevés, ont mobilisé une enveloppe de 27 milliards de FCFA. Depuis janvier 2024, la deuxième phase a pris le relais. Elle couvre les travaux de finition, confiés à une nouvelle entreprise pour un montant de 29 milliards de FCFA. Les taux évoqués récemment (64 % d’avancement physique et 46 % financier) se rapportent donc uniquement à cette seconde étape. Selon Ayadji, c’est le fait de comparer des phases distinctes qui a généré le malentendu.
Un projet en plusieurs volets et un coût modulable
En plus des deux phases opérationnelles, Jacques Ayadji a mentionné une troisième tranche, consacrée aux études techniques et aux travaux intellectuels. Celle-ci a mobilisé un budget de 3 milliards de FCFA. À la date du 3 juin 2025, le gouvernement a donc engagé un total de 59 milliards de FCFA. Le reste concerne une quatrième phase à venir, dédiée à l’équipement : mobilier, sonorisation et éclairage. Contrairement aux affirmations de l’opposition, le ministre assure que le projet n’a pas coûté 78 milliards de FCFA. Ce chiffre représente le « coût d’objectifs » – un plafond prévisionnel.
A LIRE AUSSI : Bakari exhorte la jeunesse de l’Ouémé à dépasser l’héritage politique d’Adrien Houngbédji
Un appel à la rigueur dans le débat public
Jacques Ayadji a regretté que l’opposant se soit prononcé sans chercher à vérifier les données officielles. Il déplore une posture qu’il juge « dilatoire » et affirme rester disponible pour un débat ouvert et documenté sur les chantiers publics. Le ministre appelle les acteurs politiques à la responsabilité dans leurs interventions, surtout lorsqu’il s’agit d’ouvrages aussi symboliques que le siège de l’Assemblée nationale. Pour lui, le gouvernement n’a jamais caché ses intentions ni ses dépenses. Il réaffirme l’engagement de l’exécutif à rendre compte de l’utilisation des fonds publics, tout en poursuivant les efforts pour moderniser les infrastructures du pays.
SOURCE : La Nouvelle Tribune