Nintendo dévoile les coulisses de son projet le plus ambitieux pour la Switch 2. Kosuke Yabuki, producteur de Mario Kart World, révèle comment l’équipe a dû repenser intégralement les fondements de la série culte.
Loin d’être un simple Mario Kart 9, ce nouveau volet transforme radicalement l’expérience de course en proposant un univers ouvert où tous les circuits coexistent sur une même masse continentale. Une révolution conceptuelle qui a nécessité des années de développement et contraint l’équipe à migrer vers la console nouvelle génération pour concrétiser ses ambitions techniques.
Un défi technique qui impose le passage à la Switch 2
L’ampleur du projet dépasse rapidement les capacités de la Switch originale. Yabuki confie que « nous savions dès la conception que cela représenterait un changement majeur pour la série, mais nous n’avions aucune idée du nombre de personnes, du temps et des efforts nécessaires pour y parvenir ». L’équipe débute le prototypage en mars 2017 avant de lancer officiellement le développement en fin d’année.
Les contraintes matérielles forcent rapidement une réorientation stratégique. Kenta Sato, directeur de la programmation, explique les difficultés rencontrées pour accommoder vingt-quatre joueurs simultanément sur l’ancienne console. L’optimisation devient un impératif dès les premières phases de création, bouleversant les méthodes traditionnelles où les ajustements techniques interviennent après finalisation du contenu.
Le passage à la Switch 2 ouvre subitement « tout un tas de possibilités » selon Yabuki. Cette migration représente « une véritable lueur d’espoir » permettant enfin de concrétiser la vision originale sans compromis techniques majeurs.
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Une conception territoriale révolutionnaire
Contrairement aux précédents épisodes composés de circuits indépendants, Mario Kart World propose un environnement unifié spécialement conçu pour l’expérience de course. Yabuki précise que « ce monde existe purement pour rendre Mario Kart plus amusant », s’éloignant délibérément des approches réalistes d’autres jeux en monde ouvert.
La topographie devient stratégique : hauteur des montagnes, étendue des déserts, chaque élément géographique répond aux exigences ludiques. Modifier l’altitude d’un relief implique de reconsidérer son rôle de point de repère pour les zones environnantes. Cette interconnexion complexifie considérablement la conception territoriale où chaque ajustement génère des répercussions en cascade.
L’approche diffère radicalement des titres comme Breath of the Wild ou Forza Horizon. Nintendo évite volontairement le terme « monde ouvert » pour maintenir une identité spécifique centrée sur l’expérience Mario Kart. L’environnement se compose d’emplacements détaillés reliés par un réseau de routes soigneusement planifiées.
Repenser l’architecture des circuits
La liberté de mouvement transforme fondamentalement la conception des pistes. Auparavant, les développeurs contrôlaient précisément les angles de vue des joueurs contraints sur des tracés prédéfinis. Désormais, les pilotes peuvent aborder n’importe quel circuit depuis diverses directions et en repartir librement.
Yabuki souligne cette complexité : « vous conceviez des circuits en sachant que les gens allaient conduire et regarder dans quelques directions fixes connues à l’avance, comparé à Mario Kart World où ils peuvent entrer ou sortir d’un circuit depuis n’importe où ». Cette liberté impose de réfléchir aux points d’entrée et de sortie ainsi qu’à leur impact sur la perspective du joueur.
Vingt-quatre coureurs changent tout l’équilibre
Doubler le nombre de participants de douze à vingt-quatre représente bien plus qu’un simple ajout numérique. Cette évolution contraint l’équipe à « reconsidérer tous les éléments depuis leurs fondements » pour préserver l’équilibre général. Largeur des routes, taille des karts, vitesse perdue lors d’impacts : chaque paramètre nécessite une réévaluation complète.
L’augmentation vise à maintenir l’intensité concurrentielle malgré l’étendue du terrain. Dans un monde vaste, les joueurs risquent de se disperser géographiquement, diminuant les interactions compétitives. Multiplier les participants garantit des affrontements constants quelle que soit la zone explorée.
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Structure narrative inspirée du kishōtenketsu
L’expansion influence également l’architecture du jeu. Le mode Grand Prix traditionnel évolue : les joueurs doivent désormais conduire jusqu’au circuit suivant au lieu d’être automatiquement transportés. Yabuki s’inspire du kishōtenketsu, structure narrative japonaise en quatre actes utilisée de la poésie aux bandes dessinées.
« D’abord vous introduisez une idée, vous la laissez se développer, puis vous avez un tournant, et enfin une conclusion », explique-t-il. Cette approche rythme l’expérience : départ comme première case d’un manga, développement progressif, retournement dramatique et dénouement satisfaisant.
Le nouveau mode Knockout Tour illustre parfaitement cette philosophie. Inspiré du battle royale, il oppose vingt-quatre coureurs à travers le continent entier tandis que leur nombre diminue progressivement. Une formule inédite qui exploite pleinement les possibilités du monde interconnecté.
SOURCE : The Verge
