L’incarcération de Julien Kandé Kansou, écrivain et militant du parti d’opposition Les Démocrates, suscite un vif émoi au sein de la société béninoise. Le 12 juin 2025, la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (CRIET) a ordonné son placement en détention. Cette décision fait suite à des accusations de « publication de fausses nouvelles » et de « harcèlement par voie électronique ». Ce développement intervient dans un contexte politique tendu, marqué par une surveillance accrue de l’expression en ligne et des critiques croissantes contre l’exercice du pouvoir.
Une arrestation controversée dans un climat tendu
Julien Kandé Kansou, doctorant en histoire et figure engagée de la scène littéraire béninoise, a été interpellé à son domicile le 5 juin par des agents en civil. Trois jours plus tard, les forces de l’ordre ont perquisitionné sa résidence. Il a été officiellement placé en détention le 12 juin, après son audition devant le substitut du procureur de la CRIET.
Le contenu incriminé, selon la justice, reposerait sur des publications en ligne jugées attentatoires à l’ordre public. Parmi elles, un message évoquant une « révolution électorale en 2026 » et des critiques visant la taxation de l’accès à internet, interprétée comme un outil de censure.
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Une voix critique muselée ?
Julien Kandé Kansou n’est pas un inconnu dans les milieux intellectuels et politiques. À 34 ans, il a signé plusieurs ouvrages dont Yayi, la légende, publié en 2024. Très actif sur les réseaux sociaux, il s’est récemment illustré par des prises de position virulentes à l’encontre de la gouvernance actuelle, dénonçant les conditions économiques précaires et la concentration des richesses.
Ses avocats, Maîtres Augustin Abalo et Renaud Agbodjo, ont demandé que leur client soit libéré sous convocation. Cette demande a été rejetée par le parquet, qui a ordonné son transfert immédiat à la prison civile de Cotonou.
Des accusations fragiles selon la défens
Les représentants de Julien Kandé Kansou pointent du doigt des fondements juridiques jugés flous. Lors de l’audience, la défense a interrogé le ministère public sur l’identité des plaignants. La réponse, jugée évasive, laisse planer le doute : « Le procureur a indiqué que certains membres du gouvernement pourraient se sentir visés, sans désigner clairement une victime », a déclaré Me Renaud Agbodjo. L’avocat va plus loin : « Ce qui est reproché à Julien Kandé Kansou relève d’une opinion politique. Le sanctionner revient à intimider une jeunesse déjà en quête d’expression ».
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Mobilisation politique et soutien populaire
À l’extérieur du tribunal, plusieurs dizaines de militants se sont rassemblés pour afficher leur solidarité. Le porte-parole du parti Les Démocrates a publiquement condamné une « dérive autoritaire » et une tentative de « criminalisation de la liberté d’expression ». Pour beaucoup, cette arrestation rappelle les tensions récurrentes entre pouvoir exécutif et opposition, dans un pays où l’espace démocratique semble se restreindre. Malgré la pression, Julien Kandé Kansou s’est montré confiant, affichant un sourire en sortant de sa garde à vue. Ses proches affirment qu’il reste combatif, déterminé à défendre ses droits lors du procès prévu pour le 1er juillet.
SOURCE : Bénin Web TV