Trois ans après le lancement de la réforme structurelle de la décentralisation au Bénin, les autorités locales se sont retrouvées au Palais de la Marina pour en évaluer les effets. Sous l’impulsion du président Patrice Talon, ce séminaire a permis un échange direct entre les décideurs politiques et les représentants des communes, dans un esprit d’analyse critique et constructive. L’objectif affiché : mesurer les progrès concrets et identifier les ajustements nécessaires pour consolider une gouvernance locale efficace.
Une réforme au cœur de la gouvernance locale
La rencontre de ce 13 juin 2025 a réuni préfets, maires, adjoints, secrétaires exécutifs et membres de l’Association Nationale des Communes du Bénin (ANCB). Cette session de travail intervient dans le cadre d’un bilan d’étape, trois ans après l’introduction de la réforme qui a profondément modifié l’architecture administrative communale. En ouvrant les travaux, le président Talon a tenu à rappeler le caractère central de la décentralisation dans l’appareil d’État, qu’il qualifie de « fer de lance de l’administration publique ».
En effet, le système antérieur souffrait de confusions récurrentes entre les rôles politiques et techniques, freinant la performance des collectivités. C’est précisément pour mettre fin à ces interférences que la séparation des responsabilités a été instituée, redistribuant les tâches de manière plus claire entre les élus et les gestionnaires administratifs.
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Des pratiques à réorienter, une critique attendue
Malgré ces réformes structurelles, le président s’est interrogé sur leur efficacité réelle : « Trois ans après la réforme, les pratiques commencent-elles à changer dans le bon sens ? ». À travers cette question ouverte, il a incité les participants à faire preuve de lucidité et d’objectivité, en dépassant les clivages partisans.
La journée s’est articulée autour de deux grands axes thématiques, laissant place à une diversité de retours d’expérience. Les responsables communaux ont partagé des constats de terrain, tout en formulant des propositions ciblées pour renforcer l’impact des mesures adoptées depuis 2022.
Des revendications concrètes pour un meilleur fonctionnement
Prenant la parole au nom des communes, Luc Sètondji ATrokpo, président de l’ANCB, a salué la constance de l’exécutif dans son soutien aux collectivités. Il a mis en lumière la portée des réformes en cours, notamment celle du système partisan, qui aurait permis une meilleure stabilité des conseils communaux et une exécution plus fluide des Plans de Développement Communaux. Cependant, plusieurs demandes précises ont été formulées :
- reprise temporaire de la délivrance des Attestations de Détention Coutumière (ADC), en attendant la généralisation du titre foncier, pour garantir la sécurité foncière ;
- clarification du statut administratif des maires issus de la fonction publique, souvent confrontés à des blocages hiérarchiques et juridiques ;
- intégration des véhicules de fonction au patrimoine communal, afin de permettre leur réaffectation dans le cadre légal établi.
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Un processus de modernisation maintenu
Ce séminaire s’inscrit dans une dynamique de consolidation des acquis de la réforme, sans remettre en cause sa direction. Le gouvernement confirme ainsi sa volonté de poursuivre la modernisation de la gouvernance territoriale, tout en tenant compte des retours émis par les élus de terrain. L’accent est mis sur l’autonomie responsable des communes, perçue comme un levier du développement durable et de l’efficacité administrative.
En écoutant les attentes locales tout en maintenant le cap de la réforme, le pouvoir central affiche une posture d’écoute stratégique. Reste à traduire ces échanges en décisions concrètes pour renforcer l’ancrage d’une décentralisation performante au service des citoyens.
SOURCE : Bénin Web TV