Alors que l’Union Progressiste le Renouveau (UP-R) semblait avoir absorbé définitivement le Parti du Renouveau Démocratique (PRD) depuis leur fusion en 2022, une nouvelle dynamique est en train de s’imposer. L’ancien président de l’Assemblée nationale, Me Adrien Houngbédji, remet en question la validité de cette fusion, affirmant que son parti n’a jamais été dissous. Cette posture ouvre la voie à un retour affirmé du PRD sur la scène politique béninoise, dans un contexte où les tensions internes au sein de l’UP-R s’intensifient.
Une décision ministérielle vivement contestée
Le ministère de l’Intérieur a récemment adressé un avertissement à Gratien Ahouanmenou, secrétaire général adjoint du PRD, lui reprochant l’utilisation illégale du nom et des attributs d’un parti censé avoir disparu. Pour l’administration, la fusion avec l’UP-R a entraîné la perte de la personnalité morale du PRD, rendant toute activité sous cette étiquette contraire à la législation. Le communiqué signé par M. Ahouanmenou en avril 2025 a ainsi été jugé illégal, et ce dernier sommé d’y mettre fin sous peine de poursuites.
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Une interprétation juridiquement contestée
Me Adrien Houngbédji, en désaccord frontal avec cette lecture, a envoyé au ministère une réponse détaillée dans laquelle il affirme que le PRD n’a jamais été dissous légalement. Il s’appuie notamment sur le fait que le récépissé définitif du PRD a été délivré après la signature de l’acte de fusion, ce qui, selon lui, démontre la poursuite de l’existence du parti. De plus, les statuts du PRD interdisent toute dissolution sans un congrès extraordinaire réunissant une majorité qualifiée.
Des fondements statutaires solides
La position de Me Houngbédji repose sur plusieurs éléments clés :
- le PRD aurait conservé son autonomie statutaire même dans le cadre de la fusion ;
- aucun congrès de dissolution n’a été convoqué ni validé par les membres du parti ;
- l’accord signé en août 2022 portait uniquement sur une fusion, et non une absorption ou une disparition du PRD ;
- la charte des partis politiques impose des modalités précises pour les fusions, que l’UP-R ne semble pas avoir respectées dans ce cas.
Des tensions internes révélatrices
Gratien Ahouanmenou a confirmé dans une interview l’inconfort croissant des militants du PRD au sein de l’UP-R. Il évoque une situation où l’union est devenue inefficace, justifiant la volonté d’un retour à l’autonomie du PRD. Il annonce d’ailleurs qu’une consultation à la base est en cours pour trancher la question d’une rupture formelle. La fusion, selon lui, « n’a pas fonctionné » et n’a jamais permis une réelle intégration des deux entités.
Vers une recomposition du paysage politique ?
Ces remous internes pourraient annoncer une reconfiguration du jeu partisan à l’approche des élections. Le PRD, qui conserve une base électorale solide dans certaines régions du pays, pourrait redevenir un acteur autonome et stratégique. D’autant plus que Me Houngbédji, s’étant récemment éloigné des choix gouvernementaux, multiplie les prises de position critiques. Il réclame notamment la libération de détenus politiques et la révision du code électoral, des thématiques reprises par l’opposition.
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Une opération politique bien calibrée
En multipliant les initiatives et les signaux en faveur d’une dissociation, le leader du PRD semble vouloir se positionner comme un pivot possible de l’opposition. Certains observateurs évoquent un éventuel rapprochement avec Les Démocrates, dans l’objectif de peser davantage lors des prochaines échéances. Si cette dynamique se confirme, elle pourrait fragiliser l’équilibre interne de l’UP-R et relancer un parti que d’aucuns pensaient effacé du paysage politique.
SOURCE : La Nouvelle Tribune