Alors que les interrogations sur la tenue effective des élections générales de 2026 commencent à se multiplier au Bénin, une voix autorisée du paysage institutionnel vient de trancher le débat. L’ancien président de la Cour constitutionnelle, Théodore Holo, a exprimé une position sans équivoque : aucune condition sécuritaire ne justifie, à ce jour, un éventuel report du scrutin. Dans une déclaration accordée au journal Matin Libre, le constitutionnaliste plaide pour le respect du calendrier électoral, appelant à la responsabilité des autorités compétentes.
Un rejet catégorique de la logique de report
Pour Théodore Holo, le contexte actuel ne saurait justifier une remise en cause du processus électoral. L’insécurité, même si elle existe, demeure circonscrite à certaines zones du pays. Selon lui, « les élections ne peuvent être différées que si l’ensemble du territoire national est en proie à une crise sécuritaire généralisée ». Or, il estime que le Bénin ne remplit pas ce critère.
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Des précédents internationaux invoqués
Afin d’étayer ses propos, l’ancien président de la haute juridiction évoque des exemples internationaux marquants. Le Mali, confronté depuis plusieurs années à une insécurité endémique, a malgré tout poursuivi l’organisation de ses élections. De même, pendant la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis ont tenu leurs scrutins et reconduit Franklin D. Roosevelt pour un quatrième mandat. La Grande-Bretagne, engagée dans ce même conflit mondial, n’a jamais suspendu sa tradition démocratique.
Ces exemples démontrent, selon lui, que « la crise sécuritaire ne constitue pas en soi un frein au processus électoral si les institutions prennent les mesures nécessaires ». Il s’agit donc moins de céder à la peur que de renforcer les dispositifs de sécurisation existants.
Une exhortation à la responsabilité politique
L’ancien président insiste sur un principe fondamental : le pouvoir en place ne saurait utiliser l’insécurité comme prétexte pour prolonger indéfiniment son mandat. Il appelle les autorités à créer les conditions nécessaires à un scrutin serein, et ce, dans les délais prévus par la loi. « Être aux commandes impose d’agir, pas de s’abriter derrière les difficultés pour se maintenir au pouvoir », insiste-t-il.
Le Cameroun comme illustration régionale
Théodore Holo revient également sur une expérience vécue sur le continent africain. En 2018, lors de la présidentielle camerounaise, il faisait partie d’une mission d’observation mandatée par l’Union africaine. Malgré les tensions dans les régions du Nord-Ouest, du Sud-Ouest et de l’Extrême-Nord, le pays a mené à bien l’élection. Il cite notamment le cas de Maurice Kamto, candidat empêché de tenir un meeting à Douala, mais qui n’a jamais remis en cause le principe même de la tenue du scrutin.
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Un appel à la lucidité nationale
Dans son analyse, Théodore Holo relativise la notion même d’insécurité, rappelant qu’aucun pays n’en est totalement exempt. La France, selon lui, a toujours organisé ses élections malgré les actes de violence ou les attentats. C’est pourquoi il appelle le Bénin à ne pas céder à une vision alarmiste. « J’espère que notre pays ne sombrera pas dans une spirale de peur qui compromettrait ses institutions démocratiques », conclut-il.
SOURCE : Benin Web TV