À l’occasion du cinquantenaire de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le Bénin a exprimé publiquement une réserve majeure : aucune des institutions de l’organisation sous-régionale ne siège sur son territoire. Cette position a été formulée par le ministre béninois des Affaires étrangères, Olushegun Adjadi Bakari, lors d’une intervention médiatique à Cotonou début juin 2025.
Une déception à demi-mot exprimée par la diplomatie béninoise
Le ministre, tout en saluant les acquis de l’intégration régionale, n’a pas dissimulé une forme de frustration. Malgré son engagement constant envers la CEDEAO, le Bénin demeure à l’écart de la répartition géographique des institutions communautaires. Adjadi Bakari a rappelé que la CEDEAO avait été fondée sur des principes de solidarité, de coopération et de partage équitable des bénéfices du développement. Or, dans les faits, cette promesse semble inachevée, du moins pour son pays. Interrogé sur la portée réelle de cette intégration, le chef de la diplomatie béninoise a formulé cette interrogation sans détour : « Est-ce que nous avons réussi sur ce plan-là ? » Une question lourde de sens qui met en lumière un déséquilibre perçu dans la distribution des bénéfices symboliques et institutionnels au sein de l’espace ouest-africain.
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Une remise en question légitime et stratégique
Selon le ministre, les citoyens béninois sont en droit de s’interroger sur ce qu’ils retirent concrètement de leur appartenance à la CEDEAO. Ce questionnement, loin d’être une critique frontale, s’inscrit dans une volonté d’amélioration. Le Bénin ne remet pas en cause le principe même de l’intégration régionale ; au contraire, il plaide pour une correction des déséquilibres historiques qui entachent l’efficacité perçue de l’organisation.
Adjadi Bakari a souligné que cette observation ne visait pas à alimenter les discours hostiles à la CEDEAO. Elle traduit plutôt un appel à l’action, à l’occasion de ce cinquantième anniversaire, pour renforcer la légitimité et l’équité de l’édifice communautaire face aux nombreux défis contemporains.
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Un plaidoyer pour une CEDEAO plus équilibrée
Alors que l’Afrique de l’Ouest traverse des turbulences politiques et sécuritaires, le message du Bénin résonne comme un appel à la refondation. L’absence d’institutions régionales au Bénin ne devrait pas devenir un point aveugle dans les stratégies d’intégration à venir. La reconnaissance du rôle actif du pays dans les affaires régionales passe aussi par une visibilité institutionnelle accrue.
À l’heure où certaines voix contestent l’utilité même de la CEDEAO, le Bénin invite à un réexamen des pratiques et à une meilleure répartition des centres de décision. Le cinquantenaire de l’organisation pourrait ainsi marquer un tournant décisif, propice à des ajustements concrets et à une réaffirmation des principes fondateurs.
SOURCE : BANOUTO