Au Bénin, une affaire de détournement de fonds à grande échelle secoue le secteur de la microfinance. Un jeune stagiaire est poursuivi devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) pour avoir orchestré, selon l’accusation, une fraude complexe à travers 44 chèques falsifiés. Le montant total des retraits frauduleux s’élèverait à près de 53 millions de francs CFA, selon les informations relayées par Banouto.
Un stratagème minutieusement élaboré
D’après les déclarations du trésorier de la mutuelle concernée, le mis en cause aurait profité de son accès aux documents internes pour confectionner de faux chèques libellés au nom de clients. Ces documents falsifiés lui auraient permis d’opérer des retraits en banque, en se présentant muni d’une pièce d’identité d’endosseur et de la sienne. Ces retraits, effectués entre 2021 et 2024, portaient sur des sommes variant entre 500 000 et 2 000 000 FCFA. Sur les 44 chèques utilisés, 41 porteraient des noms différents.
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Reconnaissance des faits et acquisitions suspectes
À la barre, l’intéressé n’a pas nié les faits. Il a reconnu avoir utilisé les carnets de chèques de la mutuelle à des fins personnelles. Interrogé sur l’usage de ces fonds, il a révélé être propriétaire d’un terrain en chantier et d’un véhicule. Ces acquisitions, jugées suspectes par la Cour, renforcent les soupçons de blanchiment de capitaux, l’un des chefs d’accusation retenus.
Procédures bancaires et responsabilités partagées
Les caissiers de la banque partenaire ont été entendus au cours de l’audience. Ils ont affirmé n’avoir détecté aucune anomalie sur les signatures apposées, et précisé que seule l’identification du bénéficiaire final était exigée, sauf pour des montants jugés exceptionnellement élevés. Le prévenu, selon eux, était considéré comme un usager fréquent, ce qui aurait contribué à atténuer la vigilance autour de ses opérations.
Un débat tendu entre mutuelle et banque
Les débats ont révélé des désaccords profonds entre la mutuelle et l’établissement bancaire. La première reproche un manque de contrôle lors du traitement des transactions. La seconde, représentée par Me Marc Zinzindohoué, pointe du doigt une gestion interne défaillante, notamment l’absence de rapport financier entre 2021 et 2023, malgré des relevés régulièrement transmis.
Cette critique a été contestée par Me Armandine Goudédjessi, avocate de la mutuelle, qui estime que la banque cherche à se dédouaner de toute responsabilité. Me Urbain Sohoumè, représentant du prévenu, a appuyé cette position en dénonçant l’approche anticipée du conseil de la banque.
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Un procès encore en suspens
Face à la complexité de l’affaire, la Cour a décidé de renvoyer le dossier au mois de juillet 2025. Ce délai doit permettre au ministère public de finaliser ses réquisitions et aux différentes parties de préparer leurs plaidoiries. D’ici là, les interrogations demeurent sur les failles de contrôle qui ont permis à un simple stagiaire d’orchestrer une opération d’une telle ampleur.
SOURCE : La Nouvelle Tribune