Alors que la fusion entre le Parti du Renouveau Démocratique (PRD) et l’Union Progressiste (UP), formant l’Union Progressiste le Renouveau (UPR), continue d’alimenter la scène politique béninoise, une voix juridique s’élève pour remettre en question sa légalité. Le juriste Landry Adélakoun, invité sur le plateau de Version Originale le 8 juin 2025, dénonce une série d’incohérences qui, selon lui, pourraient invalider la création même du parti UPR.
Des fondements juridiques fragilisés par les statuts du PRD
L’un des éléments centraux de l’analyse de Landry Adélakoun repose sur les statuts du PRD, qui affirment que la fusion avec l’UP ne conduit ni à sa disparition ni à sa dissolution. Cette disposition, récemment rappelée dans une lettre officielle du président du PRD au ministre de l’Intérieur, remettrait en cause la légalité de l’adhésion automatique des militants à la nouvelle entité. D’après le juriste, cette configuration enfreint le principe fondamental de l’exclusivité de l’adhésion politique consacré par la Charte des partis.
Il alerte sur le risque de double appartenance : « Le militant du PRD devient aussi militant du parti politique UP le Renouveau », constate-t-il. Une situation prohibée par l’article 11 de la Charte des partis politiques, qui interdit explicitement toute appartenance multiple à des formations politiques légalement constituées.
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Une faille dans le contrôle administratif pointée du doigt
Selon Adélakoun, cette irrégularité traduit une défaillance dans le contrôle exercé par le ministère de l’Intérieur. Ce dernier, en vertu de l’article 19 de la même Charte, a pour mission d’examiner la conformité juridique des documents constitutifs des partis, y compris lors de leur fusion. Il reproche au ministère de ne pas avoir détecté cette incohérence : « Le ministère doit veiller à ce que les statuts des partis ne créent pas une situation où un citoyen serait membre de deux formations », affirme-t-il.
Ce manquement administratif, à ses yeux, ouvre la voie à des contentieux juridiques susceptibles d’invalider la création de l’UPR dans son ensemble.
Une création du parti potentiellement frappée de nullité
Le juriste évoque l’hypothèse d’une nullité de l’acte fondateur de l’UPR si une autorité compétente venait à reconnaître l’existence d’irrégularités substantielles. Bien que le protocole de fusion ait été signé et qu’un récépissé ait été délivré, cela ne suffirait pas à légitimer juridiquement la formation du parti. En droit, rappelle-t-il, un acte entaché de nullité est réputé inexistant et ne peut produire aucun effet. Ce risque soulève des interrogations majeures sur la stabilité institutionnelle de l’UPR, surtout dans un contexte politique marqué par des rivalités internes persistantes.
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Adrien Houngbédji conteste la version officielle
La lecture juridique de Landry Adélakoun s’inscrit dans un climat déjà tendu entre le PRD et les autorités administratives. Dans une lettre datée du 2 juin 2025, Me Adrien Houngbédji a formellement rejeté une affirmation ministérielle selon laquelle le PRD aurait cessé d’exister. Il insiste sur la réception d’un récépissé définitif postérieur à la signature du protocole, preuve que, selon lui, le PRD reste juridiquement valide.
Quelques jours plus tôt, Houngbédji avait reçu Joseph Djogbénou, président de l’UPR, lors d’une rencontre confidentielle. Aucune déclaration n’avait suivi cet entretien, renforçant le mystère autour de la position réelle des acteurs. Cette affaire complexe et juridiquement sensible pourrait bien redessiner les contours du champ politique béninois dans les mois à venir.
SOURCE : BANOUTO