Google développe actuellement une nouvelle fonctionnalité pour son clavier Gboard qui pourrait transformer la façon dont nous partageons du contenu humoristique en ligne. Le « meme studio », comme l’appelle l’entreprise en interne, intègre l’intelligence artificielle pour générer automatiquement des mèmes à partir de simples prompts textuels.
L’initiative marque une nouvelle incursion de l’IA dans le domaine créatif, traditionnellement dominé par l’humour humain. Selon des tests préliminaires rapportés par Android Authority, les résultats sont pour l’instant décevants, voire absurdes. Malgré ces premiers échecs, Google semble déterminé à perfectionner cet outil avant son lancement officiel.
Un double système de création encore balbutiant
Le « meme studio » de Gboard propose deux approches distinctes pour créer des mèmes. La première, manuelle, permet aux utilisateurs de superposer du texte sur une image de fond. Cette fonctionnalité reste cependant très basique dans sa version actuelle. Les options de personnalisation sont limitées, avec peu d’images d’arrière-plan disponibles et aucune possibilité de modifier la police ou la couleur du texte.
Google prévoit probablement d’améliorer ces aspects avant le lancement. Ces ajustements semblent relativement simples à implémenter et ne représentent pas le véritable défi technique du projet. La seconde approche, bien plus ambitieuse, utilise l’intelligence artificielle pour générer automatiquement des mèmes complets.
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L’IA peine à comprendre l’humour humain
C’est précisément dans cette partie automatisée que le bât blesse. L’utilisateur peut choisir parmi des prompts recommandés ou entrer sa propre suggestion. Le système envoie ensuite cette requête aux serveurs de Google où l’IA produit le mème. Selon Kamila Wojciechowska d’Android Authority, les résultats actuels sont loin d’être convaincants.
Les mèmes générés ne parviennent pas à reproduire l’humour si caractéristique de ces contenus viraux. Ils manquent de cohérence logique et ne reflètent pas la pensée humaine de façon crédible. Un exemple partagé par Wojciechowska montre un mème intitulé « Prison Mike modem power » qui peut faire sourire, mais uniquement en raison de son absurdité involontaire.
Entre les filtres de contenu qui bloquent parfois des prompts inoffensifs et la difficulté fondamentale de l’IA à saisir les subtilités de l’humour humain, le chemin vers des mèmes générés convaincants semble encore long.
Un public cible difficile à cerner
La question se pose : pour qui Google développe-t-il cette fonctionnalité ? Kamila Wojciechowska suggère que l’outil pourrait viser principalement les utilisateurs plus âgés, moins familiers avec la culture des mèmes. Pourtant, même pour ce public, la fonctionnalité dans son état actuel paraît peu adaptée.
Les mèmes constituent un phénomène culturel complexe qui évolue rapidement. Ils représentent souvent une forme d’expression sociale qui repose sur des références partagées et un contexte culturel spécifique. Ces nuances échappent encore largement aux systèmes d’IA actuels, malgré leurs capacités impressionnantes dans d’autres domaines.
L’ironie de la situation saute aux yeux : alors que les mèmes servaient à l’origine à illustrer des points humoristiques ou sérieux dans un format accessible, les tentatives de l’IA produisent du contenu dénué de sens qui ne remplit aucune de ces fonctions.
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L’avenir incertain de l’IA créative
Il convient de rappeler que cette fonctionnalité est encore en développement. Les ingénieurs de Google pourraient bien améliorer considérablement ses performances avant une éventuelle sortie publique. Toutefois, le défi fondamental demeure : l’IA peut-elle véritablement imiter l’humour humain ?
Comme le note l’article original avec une pointe d’ironie : « Il pourrait s’écouler des années avant que l’intelligence artificielle ne puisse vraiment imiter avec précision l’inintelligence naturelle des primates sans poils, surtout au niveau de ceux d’entre nous qui publient des mèmes pour s’amuser. »
Le terme « mème » fut initialement introduit par Richard Dawkins en 1976 dans son livre « Le Gène égoïste » pour décrire un élément culturel se propageant par imitation. Aujourd’hui, il désigne principalement des images avec du texte superposé. En tentant de s’approprier cette forme d’expression culturelle, l’IA de Google se heurte aux limites de sa compréhension du comportement humain et des subtilités culturelles.
SOURCE : Android Police