Quelques heures seulement après l’annonce de l’interdiction d’entrée aux États-Unis pour les ressortissants de douze nations, le Tchad a décidé de répondre avec fermeté. Par un message diffusé publiquement, le président Mahamat Idriss Deby Itno a annoncé la suspension immédiate de la délivrance de visas aux citoyens américains. Cette mesure, adoptée au nom de la réciprocité diplomatique, marque un tournant clair dans les relations entre N’Djamena et Washington.
Un acte diplomatique assumé
Le dirigeant tchadien s’est exprimé sans détour via un message publié sur Facebook. Il y informe avoir donné instruction formelle à son gouvernement d’interrompre l’octroi de visas aux ressortissants américains, en réponse directe au décret signé par le président Donald Trump. Ce dernier interdit l’accès au territoire américain à douze nationalités, dont celle du Tchad.
À travers cette décision, le chef d’État entend affirmer la souveraineté de son pays. « Le Tchad a sa dignité et sa fierté », a-t-il déclaré, rappelant que son pays ne disposait peut-être ni d’une puissance économique colossale ni d’une influence militaire notable, mais qu’il exigeait d’être traité avec respect sur la scène internationale.
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Une mesure aux implications multiples
La nouvelle réglementation américaine vise aussi les ressortissants d’autres États, notamment l’Afghanistan, la Birmanie, la Guinée équatoriale, la Libye, la Somalie, ou encore l’Iran. La Maison Blanche justifie cette décision par la nécessité de renforcer la sécurité nationale contre d’éventuelles menaces terroristes. L’entrée en vigueur est prévue pour le 9 juin 2025, ce qui laisse peu de marge pour une désescalade diplomatique.
De plus, sept pays supplémentaires se voient imposer des restrictions spécifiques. Il s’agit du Burundi, de Cuba, du Laos, de la Sierra Leone, du Togo, du Turkménistan et du Venezuela. Ces mesures suscitent déjà de vives réactions au sein de la communauté internationale, certaines capitales y voyant un durcissement injustifié du contrôle migratoire.
Un bras de fer diplomatique engagé
La réponse tchadienne, rapide et symboliquement forte, témoigne d’une volonté de ne pas subir passivement ce type de décisions unilatérales. En invoquant la logique de réciprocité souveraine, N’Djamena renforce son positionnement dans un contexte géopolitique tendu.
Cette situation pourrait raviver un climat d’hostilité entre les États-Unis et plusieurs nations africaines, en particulier celles déjà fragilisées par des relations diplomatiques historiques complexes. Pour l’heure, aucune déclaration complémentaire n’a été faite du côté de Washington quant à cette réaction tchadienne, mais il est probable que ce différend influence les prochaines négociations bilatérales.
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Une escalade à surveiller de près
Alors que les tensions migratoires et sécuritaires s’intensifient à l’échelle mondiale, ce type de mesures réciproques illustre une forme de rupture dans les pratiques diplomatiques traditionnelles. Le Tchad entend désormais faire entendre sa voix et défendre ses intérêts sans concession.
L’évolution de cette affaire mérite une attention soutenue. Elle pourrait, à moyen terme, ouvrir un débat plus large sur la légitimité des politiques migratoires fondées sur des critères de sécurité généralisés, souvent perçues comme discriminatoires par les pays visés.
SOURCE : BANOUTO