L’audience télévisée de Jean-Baptiste Elias, président du FONAC, a relancé les débats sur la pertinence du Code électoral béninois. En présence de députés des partis représentés à l’Assemblée, il a illustré, à travers une simulation, les incohérences que pourrait générer l’article 146 lors des élections de 2026. Si la volonté de structurer la vie politique est louable, le mécanisme exposé risque de priver une majorité d’électeurs de toute représentation. Une situation qui appelle à une réflexion nationale.
Un scénario électoral révélateur de paradoxes
Sur le plateau de l’émission Info Hebdo diffusée sur ESAE TV, Jean-Baptiste Elias a présenté un exemple fictif impliquant quatre partis politiques. Dans ce cas de figure, le Parti A, crédité de plus de 60 % des suffrages au niveau national, ne franchirait pas le seuil de représentativité imposé dans une seule des 24 circonscriptions. Résultat : ce parti majoritaire ne décrocherait aucun siège à l’Assemblée.
À l’inverse, trois autres partis récoltant chacun environ 10 % des voix, mais réunis sous une coalition déclarée, obtiendraient une représentation parlementaire complète. Cette situation, bien que conforme aux règles actuelles, crée une distorsion visible entre le poids électoral réel et la traduction institutionnelle.
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Une disposition critiquée pour ses effets inattendus
Selon Jean-Baptiste Elias, cette configuration met en lumière une faille dans la mécanique démocratique. Il pointe une contradiction flagrante : « Celui qui rassemble la majorité des voix ne sera pas représenté, pendant que ceux qui en ont bien moins siègent. » Une formulation qui illustre un problème de légitimité politique : comment expliquer à un électeur que son vote majoritaire n’aura aucun effet concret sur la composition de l’hémicycle ? Le président du FONAC estime que cette réalité mérite un débat national de fond, afin d’éviter que la prochaine législature ne repose sur une base aussi déséquilibrée.
Des justifications apportées par les élus de la majorité
Face à ces critiques, les députés issus des partis soutenant le gouvernement ont tenté de remettre en contexte l’intention du législateur. Selon eux, l’objectif du Code électoral, tel qu’amendé, est de favoriser des partis à envergure nationale et de mettre fin à l’emprise des formations à ancrage régional.
Les élus Armand Gansè et Maixent Djeigo ont ainsi défendu la logique d’un seuil d’entrée élevé dans chaque circonscription, y voyant un moyen d’encourager une structuration politique cohérente et équilibrée à l’échelle du territoire. À leurs yeux, l’article 146 n’a pas vocation à exclure, mais à pousser les partis à s’unir ou à s’élargir.
Un système à revoir pour éviter des exclusions massives ?
Le mécanisme mis en lumière par Jean-Baptiste Elias, bien qu’issu d’un cas théorique, n’en reste pas moins plausible. Il s’appuie sur le texte en vigueur, qui précise que seuls les partis obtenant au moins 20 % des voix par circonscription peuvent obtenir des sièges, sauf s’ils font partie d’une coalition préalablement déclarée auprès de la CENA.
En l’état, cette règle pourrait conduire à l’exclusion de formations ayant pourtant le soutien de la majorité des électeurs, si leur implantation territoriale est jugée insuffisamment homogène. Ce constat ravive le débat sur la frontière entre exigence de structuration politique et représentation équitable de la volonté populaire.
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Vers un nécessaire ajustement ?
À quelques mois des prochaines élections législatives, cette démonstration a le mérite d’attirer l’attention sur les effets imprévus d’un texte pourtant conçu pour stabiliser le paysage politique. Pour de nombreux observateurs, une telle mécanique pourrait, sans révision, produire une représentation parlementaire déconnectée de la réalité électorale.
Si la loi électorale reste inchangée, le scrutin de janvier 2026 pourrait bien confirmer ces paradoxes et renforcer la défiance d’une partie de l’électorat envers le processus démocratique. À ce titre, les appels à une relecture du Code se multiplient, au nom de la cohérence institutionnelle et du respect du choix citoyen.
SOURCE : BANOUTO