Dans un climat de tensions judiciaires grandissantes, le procès de six agents du Centre national hospitalier et universitaire Hubert Koutoukou Maga (CNHU-HKM) s’est ouvert le 5 juin 2025 devant la CRIET. Poursuivis pour détournement présumé de frais d’hospitalisation, les prévenus font désormais face à une justice déterminée à faire toute la lumière sur cette affaire de malversations internes. L’audience s’est concentrée sur des accusations précises, étayées par des preuves matérielles et des échanges entre collègues. De quoi relancer les débats sur l’éthique et la rigueur dans l’administration des soins publics.
Des agents hospitaliers dans la tourmente judiciaire
La session correctionnelle de la juridiction économique spéciale a vu comparaître six agents du CNHU-HKM, accusés d’avoir manipulé les facturations liées à l’hospitalisation des patients. Selon le parquet, ils auraient minoré volontairement les montants exigés, s’appropriant ensuite les sommes détournées. À l’inverse, dans certains cas, ils auraient majoré les frais de séjour, orchestrant ainsi un système parallèle de répartition financière.
Les individus concernés ont été placés en détention préventive dès le 7 avril 2025. Leur mise en accusation repose notamment sur la collaboration présumée entre un agent de recouvrement et le surveillant du service d’orientation et des urgences, tous deux soupçonnés d’être des figures centrales de ce montage frauduleux.
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Une défense unanime, mais des indices accablants
Interrogés à tour de rôle, les prévenus ont unanimement rejeté les charges. Aucun n’a reconnu sa responsabilité. Pourtant, les éléments rassemblés par la Cour dessinent une version contraire. Un papier manuscrit retrouvé lors d’une perquisition au domicile d’un des agents semble documenter une répartition financière interne : 42 000, 25 000 et 5 000 FCFA, attribués respectivement à trois membres du groupe.
Le surnommé « Dah col vert », agent de recouvrement, a tenté de justifier l’écrit comme un simple relevé destiné à un collègue. Il a précisé qu’il portait ce surnom en raison de son statut de dignitaire dans son village. Toutefois, le président du tribunal a exprimé ses doutes, évoquant l’incongruité d’une telle somme attribuée à une figure d’autorité traditionnelle.
Des vocaux qui sèment le doute
La Cour a également examiné des messages audio échangés entre les accusés, renforçant les soupçons de coordination. Dans l’un d’eux, un prévenu fait clairement référence à une instruction destinée à orienter un patient vers un agent précis, avec des indications sur la somme à partager. À la lumière de ces échanges, la thèse de l’implication collective prend de l’ampleur, selon les magistrats. Le juge a d’ailleurs noté que le surnommé Dah col vert semblait occuper un rôle subalterne dans cette chaîne, les bénéficiaires des parts les plus élevées étant ses supérieurs hiérarchiques.
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Une affaire renvoyée pour approfondissement
Après une trentaine de minutes d’audience, marquées par des interrogatoires intenses et un examen détaillé des preuves, la CRIET a décidé de reporter l’affaire. Le dossier est reconvoqué au 10 juillet 2025, date à laquelle interviendront les réquisitions du ministère public ainsi que les plaidoiries de la défense. Ce procès suscite de nombreuses réactions dans le secteur hospitalier béninois, où les pratiques internes sont désormais scrutées avec une attention renouvelée. Il pourrait aussi servir d’exemple à d’autres institutions publiques confrontées à des soupçons de corruption.
SOURCE : Banouto