Un nouveau rebondissement vient perturber la préparation du parti Les Démocrates à la présidentielle de 2026. Par une ordonnance rendue le 13 octobre 2025, le président du tribunal de première instance de Cotonou a ordonné à Boni Yayi et à sa formation politique de restituer au député Michel Sodjinou sa fiche de parrainage.
En cas de refus, la Commission électorale nationale autonome (CENA) devra invalider le document et en délivrer un nouveau à l’élu.
Une décision judiciaire qui fragilise davantage l’opposition
Le jugement, assorti de l’exécution provisoire sur minute et sans caution, fait suite à une plainte introduite par le député Sodjinou. Celui-ci affirme n’avoir jamais délégué son pouvoir de parrainage à qui que ce soit et entend désormais l’exercer de manière personnelle. Le parlementaire a d’ailleurs, dans la même journée, adressé par voie d’huissier une demande officielle de restitution au parti Les Démocrates. N’obtenant pas de réponse favorable, il a saisi la justice, qui a tranché en sa faveur.
Cette décision judiciaire intervient dans un contexte déjà tendu pour la formation dirigée par Boni Yayi, qui peine à finaliser la désignation de son duo présidentiel à quelques heures de la clôture des dépôts de candidatures.
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Le parti contraint à une manœuvre délicate
Selon les termes de l’ordonnance, le parti Les Démocrates est sommé de rendre immédiatement la fiche de parrainage au député concerné. À défaut, la CENA devra considérer le formulaire actuel comme nul et en émettre un autre au profit de Michel Sodjinou.
Ce développement représente un risque politique majeur : le parti ne dispose que du nombre exact de parrainages requis pour présenter un ticket présidentiel. La perte d’un seul pourrait donc compromettre la possibilité de déposer un dossier complet avant la date limite. Cette situation place la direction du parti dans une position particulièrement sensible, entre obligations juridiques et enjeux électoraux. Le moindre retard ou désaccord pourrait réduire à néant les chances du parti de figurer sur la ligne de départ du scrutin présidentiel d’avril 2026.
Un droit individuel réaffirmé
Dans sa décision, le tribunal souligne le caractère strictement personnel du droit de parrainage des députés et maires habilités. Michel Sodjinou a déclaré n’avoir « jamais donné mandat à quiconque pour agir en son nom ». Cette affirmation, désormais consacrée par la justice, remet en question la gestion interne des formulaires au sein du parti. Elle pourrait même ouvrir la voie à d’autres contestations similaires si d’autres élus estiment que leur consentement a été outrepassé.
Pour Les Démocrates, cette affaire révèle les fragilités d’une organisation encore en quête de cohésion, à un moment où l’unité et la discipline sont pourtant cruciales pour aborder une élection déterminante.
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Une course contre le temps
Avec la clôture des dépôts fixée au 14 octobre, la marge de manœuvre du parti apparaît désormais extrêmement réduite. Si Michel Sodjinou décidait de ne pas accorder son parrainage au duo désigné par Les Démocrates, le parti se retrouverait dans l’impossibilité de présenter un candidat. Ce scénario, bien que non encore acté, ferait peser une lourde menace sur la participation de l’opposition à la prochaine présidentielle. À la veille de l’échéance, la tension politique atteint donc un nouveau palier, et les regards se tournent vers la réaction du parti de Boni Yayi.
SOURCE : Banouto

