Une affaire d’adoption clandestine vient de secouer la justice béninoise. Le tribunal de première instance de Cotonou a condamné un couple français à 36 mois de prison, dont 12 mois fermes, pour avoir tenté d’obtenir illégalement la garde d’un nourrisson au Bénin. Ce jugement, rendu le 5 juin 2025, illustre les tensions croissantes autour des pratiques d’adoption non conformes au droit local.
Un accord secret contre rémunération
Selon les éléments présentés en audience, les deux ressortissants français avaient convenu avec une femme enceinte de verser environ un million de francs CFA afin d’obtenir la garde du bébé à naître. Cette transaction a été orchestrée avec l’aide d’un intermédiaire béninois, dont l’implication a facilité le processus. L’objectif était clair : récupérer l’enfant peu après sa naissance, puis accélérer les formalités administratives pour le faire quitter le territoire.
Afin de légitimer leur démarche, le couple a entrepris une procédure de reconnaissance de paternité. À cette étape, ils ont sollicité l’établissement d’un acte de naissance et d’un passeport béninois au nom de l’enfant. Ces démarches frauduleuses ont néanmoins été interrompues suite à un signalement émis par le père de la femme française impliquée.
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Une défense basée sur une intention humanitaire
Devant les juges, les mis en cause ont nié toute volonté de commettre un trafic d’enfants. Ils ont évoqué un acte humanitaire, affirmant qu’ils souhaitaient simplement offrir un meilleur avenir au nouveau-né. Toutefois, les preuves matérielles, notamment la falsification de documents officiels et les tentatives de sortie illégale du mineur, ont renforcé les soupçons d’intentionnalité. Le ministère public a, de son côté, qualifié les faits de tentative de traite d’enfants, mettant en lumière la gravité des infractions et leur portée transnationale. En parallèle, la mère biologique et l’intermédiaire local ont également été arrêtés. Quant à l’agent d’état civil ayant participé à la délivrance des pièces falsifiées, il a été jugé dans une procédure distincte.
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Des sanctions supplémentaires prononcées
Outre la peine d’emprisonnement, le tribunal a infligé une amende d’un million de francs CFA au couple. Il leur est en outre interdit de quitter le Bénin pendant cinq ans, mesure exceptionnelle mais révélatrice de la vigilance accrue des autorités face aux tentatives de contournement des lois d’adoption.
Cette décision de justice s’inscrit dans un contexte plus large de lutte contre les réseaux informels de migration d’enfants, souvent dissimulés derrière des apparences de solidarité individuelle. Elle pourrait aussi relancer le débat sur les mécanismes de contrôle encadrant les procédures d’adoption internationale.
SOURCE : La Nouvelle Tribune