L’histoire du cinéma Marvel recèle de nombreux « et si » fascinants, mais peu sont aussi intriguants que le projet abandonné de Darren Aronofsky pour un film Wolverine. Alors que la trilogie solo du personnage de Hugh Jackman oscille entre échec critique retentissant et chef-d’œuvre oscarisé, un chapitre manquant aurait pu redéfinir entièrement la trajectoire de la franchise.
De quoi nourrir les spéculations les plus audacieuses sur l’un des scénarios alternatifs les plus fascinants de l’univers superhéroïque.
L’arrivée surprise d’un réalisateur visionnaire
Fin 2010, alors que X-Men Origins: Wolverine laisse un goût amer malgré son succès commercial modeste, la 20th Century Fox recherche une direction radicalement différente pour la suite. Le choix se porte alors sur Darren Aronofsky, fraîchement auréolé du triomphe de Black Swan au Festival de Venise. L’annonce surprend : comment le réalisateur de Requiem for a Dream compte-t-il appréhender l’univers des super-héros ?
La collaboration entre Aronofsky et Jackman ne naît pas du hasard. Les deux hommes avaient déjà travaillé ensemble sur The Fountain et avaient envisagé de s’associer pour X-Men: L’Affrontement final (projet finalement décliné par le cinéaste). Hugh Jackman exprime alors ses espoirs de voir naître un film aux dimensions thématiques aussi riches que les précédentes œuvres du réalisateur, loin des conventions habituelles du genre superhéroïque.
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Une vision artistique aux antipodes des standards
Les rares déclarations d’Aronofsky révèlent une approche singulière : sa passion pour le cinéma japonais constitue l’une des motivations principales de son engagement. Le projet conserve le titre The Wolverine, marquant ainsi une rupture nette avec son prédécesseur tout en annonçant une identité propre. Malheureusement, mars 2010 sonne le glas de l’aventure : Aronofsky abandonne le projet, laissant place à une nouvelle quête de réalisateur.
L’esthétique d’Aronofsky, centrée sur les corps meurtris et scarifiés, aurait parfaitement épousé l’intrigue envisagée. Le scénario explorait la lassitude de Wolverine face à sa mortalité, la perte progressive de son facteur de guérison et des séquences d’auto-chirurgie particulièrement éprouvantes. Ces thématiques s’alignent parfaitement avec l’univers visuel du réalisateur, reconnu pour son regard impitoyable sur la souffrance physique et psychologique.
Les répercussions d’un abandon aux conséquences multiples
L’impact culturel de cet abandon dépasse largement le cadre d’un simple film manqué. Sans le départ d’Aronofsky (motivé par des considérations familiales lors de son divorce), James Mangold n’aurait jamais pris les rênes du projet. Par conséquent, Logan n’aurait probablement jamais vu le jour sous sa forme actuelle, tant ce chef-d’œuvre est intimement lié à la vision de Mangold.
L’effet domino s’étend bien au-delà : l’iconographie développée par Mangold influence directement Deadpool & Wolverine, modifiant ainsi l’ensemble de la perception culturelle du personnage de Jackman. L’abandon d’Aronofsky prive également le cinéaste de réaliser ses projets les plus expérimentaux des années 2010, notamment Noah et Mother!.
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Un héritage artistique sacrifié sur l’autel du destin
Paradoxalement, l’échec cuisant de X-Men Origins: Wolverine permet finalement à ses successeurs, particulièrement Logan, de transformer profondément le paysage cinématographique des super-héros. La vision d’Aronofsky aurait généré des ondulations culturelles considérables, redessinant complètement l’évolution du genre pendant une décennie.
Néanmoins, l’ampleur des ramifications potentielles soulève une question troublante : fallait-il sacrifier cette œuvre d’art potentielle au profit de la trajectoire finalement empruntée ? L’histoire du cinéma Marvel aurait assurément pris une direction totalement imprévisible, pour le meilleur comme pour le pire.
SOURCE : ComicBook.com

