Après plusieurs jours de silence, le député Michel François Oloutoyé Sodjinou, coordonnateur de la 19ᵉ circonscription électorale du parti Les Démocrates (LD), est sorti de son mutisme ce jeudi 16 octobre 2025.
Dans une déclaration publique dense et argumentée, l’élu explique les raisons de sa prise de position dans la crise interne qui secoue sa formation politique à l’approche de la présidentielle d’avril 2026.
Une dénonciation du fonctionnement interne du parti
Dans sa déclaration, Michel Sodjinou affirme parler « par devoir envers l’histoire » et pour « la survie politique » du parti. Il dénonce une gouvernance interne jugée centralisée et opaque, loin des valeurs démocratiques et participatives prônées à la création du LD.
Selon lui, depuis le congrès de Parakou en 2023, le parti aurait dérivé vers une gestion concentrée entre les mains d’un cercle restreint, où les décisions se prendraient « dans l’ombre, sans consultation ni transparence ».
L’élu regrette également des discours et pratiques à « la limite du régionalisme », qu’il assimile à une dérive contraire à l’esprit d’ouverture ayant fondé le parti.
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Des comparaisons avec les crises passées du camp Yayi
Michel Sodjinou établit un parallèle entre la situation actuelle des Démocrates et les tensions politiques vécues au sein des Forces Cauris pour un Bénin Émergent (FCBE) à l’époque du président Boni Yayi.
Selon lui, les mêmes travers se répètent : des choix imposés « d’en haut » et un manque de démocratie interne. Il cite notamment les désignations controversées de Lionel Zinsou (2016) et Reckya Madougou (2021) comme précédents illustrant un processus décisionnel verrouillé.
Pour la présidentielle d’avril 2026, il déplore un processus de désignation biaisé, accusant la direction du parti d’avoir déjà arrêté le nom de Renaud Agbodjo comme candidat, avant même la fin des travaux de la commission compétente. Il fustige également la signature “à blanc” des formulaires de parrainage imposée aux députés, qu’il considère comme une méthode contraire à la collégialité et à la liberté d’expression politique.
Un acte qu’il présente comme un “devoir de fidélité”
Michel Sodjinou affirme qu’il ne reconnaît pas la procédure de désignation du duo présidentiel et qu’il refuse d’en être complice.
Toutefois, il précise qu’il ne quitte pas le parti, se présentant plutôt comme un défenseur de ses valeurs fondatrices. « Ce n’est pas un geste de rupture, c’est un acte de fidélité », écrit-il, appelant à une refondation du parti sur les bases de la démocratie, du dialogue et du respect mutuel.
Il conclut en lançant un message à la jeunesse et aux militants : ne pas céder au découragement et continuer à se battre pour la vérité et la justice politique.
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Un contexte politique sous tension
Cette sortie intervient alors que le retrait du parrainage du député Sodjinou continue d’alimenter la polémique. La Commission électorale nationale autonome (Céna) a invalidé son parrainage, celui-ci étant toujours en possession du président du parti Les Démocrates. Cette situation fragilise encore davantage la position du parti d’opposition, déjà en difficulté à quelques mois du scrutin présidentiel prévu en avril 2026.
SOURCE : La Nouvelle Tribune

